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CatherineBranger

 

Centre de Détention de Muret- SMPR

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2014

Le projet proposé par le Musée les Abattoirs et moi -même au Centre de détention de Muret de 2009 à 2014, se déroule en trois temps :

 

- Une visite guidée de l’exposition in situ proposée par le Musée; la thématique étant décidée ensemble lors d’une réunion avec un groupe de personnes détenues du CD de Muret.

 

- Un travail en atelier d’art plastique au sein du SMPR (Service Médico- Psychologique Régional) (atelier de 2 h hebdomadaire)

 

- Une restitution par une exposition des productions réalisées au sein de l’atelier d’Arts plastiques à la Galerie des Publics du Musée les Abattoirs (vernissage en présence des personnes détenues) et visite guidée de l’exposition du musée par un conférencier.

 

 

Pour ce qui concerne le déroulement de l’atelier, les personnes y participant sont orientées par les médecins du service. A chaque séance, je suis accompagnée par un ou une infirmière ou bien un médecin psychologue.

Je propose et j’explique aux nouveaux arrivants (en moyenne 8 à 10 participants dans l’année) la thématique (celle de l’exposition des œuvres provenant du Musée) sur laquelle « nous travaillons » pendant environ un an et demi, ce qui assure à ceux qui le veulent, un axe sur lequel s’appuyer.

L’intention principale étant que chacun puisse trouver son expression personnelle, les outils qui seront les mieux adaptés à leur démarche et surtout le plaisir de « faire » et de s’exprimer. L’enjeu est également de faire découvrir (à l’aide de documentations que je fournis à chaque séance) la démarche d’artistes qui peuvent compléter celles de l’exposition présentée au CD.

 

La thématique choisie est donc surtout un prétexte, un support permettant pour certains de dépasser la problématique du « que faire ». Elle permet également de donner une force et une unité à l’ensemble des productions restituées au Musée.

Elle peut également permettre à chacun de se positionner face au groupe par ses particularités, son unicité, sa sensibilité et son expérience propre.

 

C’est petit à petit, après plusieurs semaines de recherches, d’approches variées que des propositions intéressantes se mettent en place. Avancer à tâtons, sans savoir où l’on va, fait parti de l’expérience de l’aventure de la création. Il faut accepter de ne pas connaitre à l’avance le résultat que l’on obtiendra. Il y a une part de hasard, d’improvisation, voir d’accident dans le processus d’élaboration.

L’exemple d’un incident arrivé en atelier me vient à l’esprit : un patient/détenu renverse de l’encre sur la table et sur le dessin de son voisin…moment de tension…puis je lui propose l’exploitation de ses taches qui ont finalement été intégrées avantageusement au dessin « abimé ». Cette mésaventure a permis de développer par la suite l’idée de ne pas chercher à constamment tout contrôler lorsque l’on créée et de savoir se servir des « accidents » en se les appropriant.

C’est également en jouant de mes propres hésitations ou questionnements quant au déroulement d’un projet ou d’une séance qu’il m’arrive de me mettre aussi en situation « à risque » , quitte à fragiliser mon rôle ou ma place d’artiste intervenante sachant tout, maîtrisant tout…Cette place demande une capacité d’adaptation au contexte particulier que sont ces ateliers au sein du SMPR d’un Centre de détention.

 

C’est après avoir bien intégré le fonctionnement de l’atelier, le processus de création, la découverte ou le perfectionnement de l’utilisation d’outils, qu’une dynamique peut se développer et que le rendez vous hebdomadaire est attendu par tous.

 

 

 

 

 

 

« Est-ce que l’artiste, par l’expérience de sa propre marginalité est plus enclin à entrer en résonance avec d’autres marginalités ? Ou est il simplement disposé-par son attitude récurrente d’observation, d’écoute, de traduction de ce qu’il voit et entend- à entrer en résonnance avec tout ce qu’il entoure, avec le monde dans toutes ses composantes ? »(1)

 

En ma qualité d’artiste plasticienne, je propose parfois une transformation, une mise en valeur des productions des participants à l’atelier à l’aide de l’outil informatique.

Ce travail de photomontage avec l’aide du logiciel Photoshop (après scannage des dessins ou peintures) permet d’optimiser le concept développé. Il aide à faire résonner le monde imaginé avec une réalité par exemple (cf. texte : « Intervention virtuelle sur le monde extérieur ») et par là même à créer un étonnement, une surprise, une mise en valeur de l’idée.

 

Ce procédé particulier a pour conséquence un travail de collaboration, un partage dans le processus de réalisation. Nous avons pu concrétiser ce travail sur place grâce à la présence d’un ordinateur doté de ce logiciel.

Ce processus de mise en forme m’amène à parler régulièrement avec les participants des rapports : concept/réalisation, art/artisanat, artiste/régie dans un musée et aussi dans un collectif d’artistes. On pourrait parler d’une interdépendance entre le patient/détenu/créateur et une artiste/artisan/assistante…

 

L’objectif de ces ateliers n’est pas l’élaboration d’un quelconque  « produit » décoratif, mais celui d’un temps de vie qui se veut en dehors du contexte carcéral. Ces moments de partages, de réappropriation d’une confiance en soi parfois perdue, de découverte du monde de l’Art, d’expression sont recherchés.

 

« L’art n’est ni une médication, ni un passe-temps, ni une gymnastique. Vouloir faire de ses effets dérivés ou secondaire une finalité, c’est dénaturer l’art et le vider de son sens propre. »(2)

 

La restitution sous forme d’exposition au Musée peut devenir pour certains participants un but, un moteur dynamique (une permission est prévue pour la plupart d’entre eux de manière à pouvoir être présents au vernissage).  Mais chacun ressent cette importance selon sa capacité ou son besoin à se projeter sur le long terme. Certaines personnes abordent l’atelier en commençant une réalisation en début de séance et en la finissant en fin de séance sans même s’imaginer la prolonger la semaine d’après.

La notion du temps en milieu carcéral est très différente de celle de l’extérieur ; vivre dans l’instant présent est- il un moyen de se protéger et de supporter ce délai d’incarcération incontournable ?

Certaines personnes semblent avoir intégré ce temps d’enfermement. Elles arrivent alors à construire une démarche et aboutir un projet de création.

Le projet de restitution sous forme d’exposition réunit des moments précieux passés à l’atelier, il marque plus d’une année de collaboration autour d’une thématique commune. Cette exposition donne la possibilité d’une forme d’ouverture au monde extérieur et propose un témoignage riche de sensibilité et même de qualité plastique. Elle est preuve d’un vécu qui s’est voulu constructif et positif.

 

Ces interventions, tout d’abord pendant 2 ans à la Maison d’arrêt de Seysses, puis depuis 8 ans au Centre de Détention de Muret ont permis à plus d’une centaines de personnes détenues de participer à ce projet. Avec à son actif 4 restitutions au Musée des Abattoirs : « Ici et là- bas » en 2006 des personnes détenues de la Maison d’arrêt de Seysses ; « Au Gnouf » en 2008, « Face à face » en 2012 et « A perte de vue » en 2013 des personnes détenues au Centre de Détention de Muret.

 

 

(1)(2) Olivier Gosse « L’autre est un je » de l’art en prison à l’art comme avant-gardisme social

 

 

 

 

La Tête dans les étoiles

Les personnes détenues vous proposent, en réaction à l'exposition "la Tête dans les étoiles" qui s'est tenue au Centre de détention de Muret de février à juillet 2014, la restitution des ateliers d'arts plastiques ayant eu lieu au SMPR (Service Médico Psychologique Régional) du Centre de détention.

"Si bornée que soit en vérité la nature humaine, elle porte pourtant en elle, c'est inhérant, une trés grande part d'infini." Georg Cantor

C'est un voyage où le corps s'abandonne à la rêverie, où chacun se projette ailleurs s'extirpe du lieu, de l'histoire qui les contraint, les emprisonne.

Ces ateliers animés par Catherine Branger favorisent la découverte de modes d'expression, le travail en groupe; une forme d'ouverture sur le monde et de compréhension de soi et des autres.

 

La 1ère œuvre ayant retenu le regard des personnes participant à l’atelier a été celle présentée sur l’affiche de l’exposition: «  Le loup qui hurle dans la longue nuit stellaire » de Joan Duran qui était une série de photographies composant une installation s’achevant sur la constitution d’une nouvelle constellation.

Ici chacun s’est laissé emporter par la création d’un ciel étoilé et y a projeté un motif et réfléchit à un titre.

Puis juste sous les étoiles, le ciel, qui nous rappelle ces moments étendus à rêver, à percevoir des figures sur les nuages passant. Certains travaux sont des photomontages de dessin et photo finalisés sur ordinateur, les autres sont des encres de couleurs rehaussées de dessins.

Mais nous avons tous les pieds sur terre et heureusement parfois la possibilité d’avoir la tête ailleurs. Cette situation bien réelle et physique a été le point de départ d’une forme (la silhouette de chacun) dans laquelle les participants à l’atelier, personnes détenues, infirmiers et médecins du smpr, ont pu réagir de façon totalement personnelle à cette idée de verticalité ou d’opposition.

 

 

 

 

Vernissage à la Galerie des Publics du musée les Abattoirs

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